Radium Girls, Cy

Radium girls
"Lip. Dip. Paint", est-ce le refrain d'une chanson à la mode ? Est-ce une technique de peinture ? Il me semble que nous ne sommes pas loin... Lip, Dip, Paint ou tout simplement Lèvre, Plonge, Peins était la technique employée par les ouvrières d'usines de fabrication de montres par exemple pour peindre les cadrans. La peinture utilisée était composée de radium, le radium permettant de rendre phosphorescents les chiffres du cadran de la montre. Ainsi, les ouvrières mouillaient leur pinceau du bout des lèvres, le trempaient dans la peinture et peignaient les cadrans de montres, et ce, tout au long de la journée avec un quota à respecter. 

Cy nous fait découvrir l'histoire méconnue, passée sous silence, de ces femmes rayonnantes, de jour comme de nuit, de leur combat, de leur importance. Elle s'est largement appuyée sur les travaux de Kate Moore The Radium Girls : The Dark story of America's Shining Women. Kate Moore dresse le portrait de toutes ces femmes victimes des effets mortels du radium (oups spoiler), Cy les immortalise dans une bande dessinée aux couleurs et traits fabuleux. Seules 8 couleurs sont nécessaires à Cy pour dépeindre l'extraordinaire histoire de ces femmes au destin tragique. 

1918, dans le New Jersey aux Etats-Unis. Grace et Mollie arrivent à l’United State Radium Corporation, l'usine où elles travaillent en tant qu'ouvrières. Tous les jours, elles peignent les chiffres des cadrans des montres destinées aux soldats de l’armée américaine. Grace, Mollie, Katherine, Albina et Quinta voient arriver Edna, une nouvelle ce matin à l’usine. Grace est chargée de lui apprendre le métier. Cela ne semble pas être très compliqué. Il faut juste être méticuleuse et travailler rapidement. Les cadences sont élevées. Il faut utiliser la méthode dite du Lip, Dep, Paint. Si le médecin de l’entreprise, Von Sockocky, ne veut pas qu’elles mettent le pinceau dans leur bouche car le produit est nocif, les ouvrières n’en tiennent pas compte et continuent. Pire, leurs contremaitres ou supérieurs n’y voient aucun inconvénient. Des morts suspectes commencent à entâcher la réputation de l'usine. Nos héroïnes entament une bataille judiciaire contre l'usine pour laquelle elles ont travaillé des années. Après avoir essuyé des échecs, des refus, elles ont finalement un dédommagement à l'amiable.

Le combat de ces ouvrières a été un premier pas vers la reconnaissance de leur statut de travailleur mais surtout cela a conduit à l'amélioration des droits des travailleurs. La lutte judiciaire engagée par ces femmes avait pour but de leur rendre justice mais également de rendre justice à leurs collègues décédées dans l'ignorance la plus complète.
Durant les procédures judiciaires, elles vont faire en sorte de faire reconnaître les dangers du radium contenu dans la peinture utilisée, mais également dans tous les produits du quotidien dans lesquels le radium est présent. En outre, au fil de l'histoire, on peut apercevoir des publicités vantant les mérites de crèmes contenant du radium, à la radio des réclames sur ces mêmes produtis sont diffusés. Le radium est partout et envahi le quotidien de ces américains et américaines.
Cette particule est découverte en 1898 par Pierre et Marie Curie. Au moment de cette découverte, les dangers sont méconnus dans un premier temps, comme la plupart des découvertes scientifiques de ce genre. Ainsi, le radium est largement utilisé et au lendemain de la Première Guerre Mondiale, sa présence est incontestable. Les ouvrières travaillent en toute méconnaissance des dangers que le radium représente. Il est pourtant intéressant de remarquer que les scientifiques (des hommes) qui manipulent le radium sont couverts de la tête aux pieds tandis que ces ouvrières ne le sont pas du tout... Un détail qui peut paraître insignifiant et qui pourtant a toute son importance. La place de la Femme est si peu importante dans la société qu'il n'est pas nécessaire de lui fournir les équipements la protégeant du danger, quel qu'il soit. Ainsi, ces femmes sont dans un premier temps surnommées les Ghost Girls car une fois la nuit tombée elles brillent dans la nuit tels des revenants. Les particules de radium s'étant déposées sur leurs ongles, leurs cheveux, certaines se vernissaient même les ongles pour accuentuer ce côté extraordinaire pour charmer les hommes et s'amuser car ces femmes ne perdaient pas une seconde pour vivre leur vie. Avant que les symptômes ne se déclarent, ces ouvrières brillaient par leur joie de vivre. 
Les effets du radium sont rapides et la santé de ces ouvrières se dégradent très rapidement. Les premiers symptômes sont des maux aux dents, des problèmes de dos, symptômes pouvant arriver jussqu'à un cancer, des fractures, une extrême fragilité osseuse. Tous en ont en conclu, dans un premier temps, que les premières victimes du radium avaient été emportées par la syphilis. C'est au combat des ouvrières que le sort des défuntes est reconnu comme étant dû au radium et à leur activité professionnelle et non à leur vie nocture. 

Pourquoi mettre en lumière ces faits pratiquement un siècle après qu'ils se soient déroulés ? Les mouvements féministes observés à travers le monde ont permis une libération de la parole des femmes. Mais ils ont aussi amené à parler de toutes ces femmes qui ont oeuvré pour l'amélioration de la condition féminine à diverses époques. 

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